D’un Océan à l’Autre
« Un gouverneur absolu naîtra de Yaakov. »
(Nombres 24 - 19)
« Il s’agit ici du Machia’h au sujet duquel il est écrit (Psaumes 72 – 8) : ‘Que sa domination s’étende d’un océan à l’autre, du Fleuve jusqu’aux extrémités de la terre.’ »
Rachi
La forme du verset des Psaumes rapporté par Rachi mérite d’être approfondie. Il semble que ce verset veuille nous apprendre que le Machia’h gouvernera totalement la terre ; pourquoi la Torah n’a-t-elle donc pas choisi de le dire plus simplement. De plus, l’expression « d’un océan à l’autre » paraît étonnante et inappropriée puisque c’est sur la terre ferme et ses habitants que va – en premier lieu – s’étendre l’influence du Machia’h.
Rabbi Chnéour-Zalman affirme que « l’ultime perfection de l’Ere Messianique dépend de nos actes et de notre service de D-ieu durant la période de l’exil. » L’engagement spirituel des Juifs prépare le monde dans son ensemble à la réalisation des prophéties Messianiques.
Nos sages indiquent que D-ieu procède du principe de « mesure contre mesure. » C'est-à-dire que la réponse Divine est à l’image de l’engagement humain. Aussi, dans notre contexte, du fait que l’aboutissement consiste à ce que l’aura du Machia’h rayonne « d’un océan à l’autre », nous devons donc en déduire que nos efforts, aujourd’hui en exil, devraient se traduire dans des actes qui sont à la mesure – dans le même esprit – de l’événement auquel ils sont censés donner naissance.
Cette idée sera mieux comprise à la lumière d’un enseignement du Baal Chem Tov qui stipule qu’il est indispensable – pour que le Machia’h puisse se dévoiler – que chaque individu libère et révèle l’étincelle de Machia’h qui est en lui. Chaque Juif a dans son âme une petite parcelle de l’entité Messianique.
C’est dans cet esprit que nous devons comprendre le verset « d’un océan à l’autre, du Fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. » En utilisant cette formule recherchée pour dire simplement que le Machia’h dominera le monde, la Torah tente de nous faire comprendre que cet événement tant attendu ne dépend que de l’éclosion Messianique au sein de notre propre personne et de l’impact que laisserait cette étincelle sur notre conduite quotidienne.
Le ‘Hassidisme affirme que la mer symbolise les dimensions cachées, à l’instar des créatures marines qui ne sont pas visibles depuis le rivage et qui vivent recouvertes par la masse des océans. La terre, par contre, fait référence à ce qui est révélé. Ainsi, généralement, lorsque la Torah évoque la mer, elle fait appel aux forces cachées de l’être, à des dimensions qui par définition n’ont pour champ d’action que l’être lui-même ; tandis que le terme terre vient traduire les actes qui ont une portée à l’extérieur et dans l’entourage de la personne.
Le verset précise que la domination se fera « d’un océan à l’autre. » Là encore, une lecture plus profonde est nécessaire. La torah nous dit ici qu’il existe en fait plusieurs niveaux dans cette dimension marine, et que pour voir les prophéties Messianiques se réaliser, l’homme doit lui aussi maîtriser ces divers degrés. Il est en effet dit (Zacharie 14 – 8) : « En ce jour, jailliront des eaux vives depuis Yérouchalayim ; la moitié se dirigera vers la mer primaire – de l’Est - et l’autre moitié vers la mer finale – de l’Ouest. » Il s’agit donc là de deux degrés qui sont à l’opposé – le primordial et le final.
Dans le contexte de service de D-ieu, « la mer primaire » fait référence aux plus hauts niveaux de l’âme, à l’origine et à la sagesse, alors que « la mer finale » symbolise le degré le plus bas, celui de l’aboutissement, le monde de l’action. Si le Machia’h devra régner « océan à l’autre », c’est que le service de D-ieu ne serait digne de ce nom que si l’homme investit toutes les forces qui sont en lui. Il lui faut maîtriser ses plus hautes capacités intellectuelles et les investir dans les dimensions les plus basses du monde de l’action.
Néanmoins, la conquête des océans ne suffit pas, il faut encore – selon ce verset – aller jusqu’aux extrémités de la terre. La conquête des dimensions cachées de son être ne suffit pas ; la mission de l’homme consiste à purifier, sanctifier et élever le monde qui l’entoure. Ainsi, en révélant le Machia’h qui est en nous – maîtrisant son propre ego et illuminant le monde – nous vivrons rapidement la réalisation d’un monde parfait dirigé par Machia’h.
Likouté Si’hoth Balak 5751
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