Communauté Israélite de Valenciennes 

 

36 rue de l'Intendance  

59300 VALENCIENNES 

Téléphone : 03 27 42 90 25 

Fax : 03 27 44 37 46 

 

Bref aperçu historique de la communauté juive de Valenciennes 1790-1945 

 

Par Danielle Delmaire, Professeur émérite de l’université de Lille3. Historienne des communautés juives. 

Les principales sources d’archives utilisées pour ce travail sont les archives municipales de Valenciennes(AMV), les archives départementales du Nord (ADN), les archives nationales (AN), des archives à Jérusalem(Jér.). 

 

Avant 1789 : Passage de colporteurs juifs dans le Nord et dans la région de Valenciennes. 

Un registre particulier à l’inhumation des non catholiques et comédiens (« inhumation de ceux auxquels la sépulture ecclésiastique ne sera pas accordée »), pour la ville de Valenciennes, porte le nom de Mardochée Lazare, en date du 9 octobre 1789 (AMV). 

 

Sous la Révolution et l’Empire : Apparition d’une petite communauté. 

Selon divers recensements (ADN, AN et Jér.), on compte une douzaine de personnes à Valenciennes entre 1798 et 1805 et 8 en 1806 (ADN et AN). Une liste de 1810 n’en comporte plus que deux mais les couples sont mixte set la liste ne recense que les juifs de ces couples (Jér.).La ville de Valenciennes a conservé, dans ses archives, des carnets qui notent les noms des personnes, étrangèresà la ville, qui entrent et sortent par les portes de la ville en 1798-1799 : plusieurs noms de juifs de la région ou du reste de la France y sont inscrits.Toutes ces familles vivent du colportage de marchandises diverses, commerce très modeste qui les fait vivre dans l’indigence. Elles sont toutes très pauvres et sont originaires d’Alsace et de Lorraine. 

 

Première moitié du XIXe siècle : Présence de quelques familles 

Les divers recensements (ADN, AN et Jér.) des années 1820-1850 prouvent l’existence d’une très petite communauté mais la présence juive ne semble pas avoir disparu. 

1837 : 4 personnes 

1841 : environ une vingtaine 

1851 : 30 personnes au moins 

Sous le Second Empire (1852-1870) : La communauté s’agrandit. C’est durant cette période que véritablement la présence juive se constitue en communauté structurée. 

1854 : 90 personnes 

1861 : 194 personnes 

1869-1871 : 218 personnes : à cette date, Valenciennes abrite la seconde communauté du Nord, après Lille, pour ce qui est du nombre de personnes. Cette population représente, environ, 1 % de la population valenciennoise. En 1871, environ 80 %des enfants (moins de 20 ans) de la communauté juive sont nés à Valenciennes. Les nouveaux arrivants sont majoritairement originaires d’Alsace et de Lorraine. Parmi eux, une fratrie de 5 frères et une sœur ainsi que deux cousins (tous mariés) arrivent à Valenciennes. A elle seule cette fratrie constitue près de la moitié de la communauté. Il s’agit des frères Meyer et de leur sœur, épouse Frybourg. Les Villar, les Schnerf, les Weill, les Cahen etc..., composent aussi cette communauté. 

Dès 1850, la communauté est desservie par un ministre officiant et on note la présence d’un shohet en 1853. Dans le même temps, la communauté se dote d’une commission administrative (ADN, AN). 

En 1849, elle acquiert un local qui lui sert de synagogue. Désormais, les juifs de Valenciennes ont un lieu de prières qui n’est plus une pièce aménagée chez un particulier mais un bâtiment indépendant et ne servant qu’à la prière. Enfin en 1850, un terrain leur est attribué par la municipalité pour leur servir de cimetière (AMV). En 1862, la communauté qui s’est agrandie a besoin d’une synagogue plus vaste et achète une bâtisse sise 36 rue de l’Intendance. C’est une ancienne maison qui date au moins du début du siècle (AN). Elle est aménagée pour la prière et pour l’habitat du ministre officiant. Elle est inaugurée en 1863. C’est actuellement la plus ancienne synagogue du Nord/Pas-de-Calais pour ce qui concerne le bâtiment. 

La communauté, composée essentiellement de commerçants, s’intègre bien dans la société valenciennoise,sa participation à la fête des Incas en 1866 l’atteste (AMV). La fête associe annuellement toute la population pour un défilé de chars et le produit des quêtes qui l’accompagnent permet à la ville d’aider les indigents de Valenciennes. Cette année-là, la municipalité demande à la communauté de fabriquer le char qui représente les Hébreux apportant leur bienfait à l’Humanité en marche vers la modernité. Sur le char, des juifs de Valenciennes s'incarnent Moïse et les Hébreux qui apportent la Torah. 

Troisième République, 1870-1940 : la communauté dans le consistoire de Lille 

La communauté s’agrandit encore avec l’arrivée des juifs d’Alsace et de Lorraine qui optent pour la France après 

l’annexion de leur région à l’Allemagne, mais dans une proportion moindre que sous le Second Empire. 

De ce fait, un rabbinat est créé en Valenciennes en 1873 (Lille vient d’être élevée au rang de consistoire départemental). Le premier rabbin est J. Lévy (ADN). En 1882, arrive le rabbin Félix Meyer. Il a été formé au séminaire rabbinique et c’est un érudit (il est l’auteur de divers articles savants en histoire), très proche de sa communauté. Il reste à Valenciennes jusqu’en 1905. A la fin du XIXe siècle, un ministre officiant assiste le rabbin. 

En 1876, 34 électeurs consistoriaux sont des Valenciennois (sur 137 électeurs pour tout le consistoire). En 1888,ils sont 52 sur 239 (ADN), ce qui signifie que d’autres familles arrivent dans les années 1880, mais comme partout dans le consistoire de Lille. A partir de 1880, un Valenciennois (Dreyfus) siège au consistoire de Lille(ADN). 

Le commerce n’est plus la seule occupation professionnelle des juifs de Valenciennes, quelques-uns d’entre eux vivent de leur art ou des services nouveaux comme les chemins de fer. 

En 1882, la communauté améliore l’aménagement de la maison qui sert de synagogue, notamment le passage qui relie les deux bâtiments est couvert, donnant l’impression d’une unique bâtisse (ADN). Enfin, suite à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat (1905), la communauté de Valenciennes se constitue en Association cultuelle israélite (ACI).Dans l’entre-deux-guerres, l’arrivée de juifs de Pologne (très peu de Turquie) vient encore grossir la communauté. La plupart sont peu fortunés et vivent du petit commerce, quelques-uns travaillent dans l’industrie. Ils sont souvent plus religieux que leurs coreligionnaires français et plus réceptifs au sionisme. 

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, la communauté juive de Valenciennes est composite : une partie est originaire de France depuis plusieurs générations et une autre est issue de l’immigration récente. 

 

La Seconde Guerre mondiale, 1940-1944 : la catastrophe 

A l’invasion de la France, des familles juives quittent Valenciennes et participent à l’exode comme le reste dela population. Certaines d’entre elles restent en zone non occupée tandis que d’autres rentrent rapidement chez elles. Des juifs réfugiés dans le sud prennent part à la Résistance. Ceux qui se trouvent à Valenciennes et dans les environs subissent les diverses restrictions qu’impose le gouvernement militaire allemand de Bruxelles dont dépendent le Nord et le Pas-de-Calais depuis juin 1940. En juin 1942, le port de l’étoile est rendu obligatoire. Les juifs sont désormais repérables et localisables quand ils ont été recensés. 

A l’été 1942, commencent les premières arrestations mais c’est surtout la grande rafle du 11 septembre 1942qui décime la communauté de Valenciennes et des environs. Toutefois, des enfants ont pu être soustraits de la rafle avant l’arrestation ou sur le chemin menant à la gare. Les juifs raflés à Valenciennes rejoignent leurs coreligionnaires de la région, arrêtés comme eux le 11 septembre 1942 et regroupés en gare de Lille. Là des cheminots aident quelques uns d’entre eux à sortir de la gare. Le train les achemine vers Malines, à la caserne Dossin. Ils forment la moitié du convoi X qui quitte Malines pour Auschwitz le 15 septembre 1942. 

Après la rafle, ceux qui ont eu le bonheur d’en échapper doivent vivre dans la clandestinité avec l’aide d’amis, de voisins. Certains participent à la Résistance. Au lendemain de la guerre, la communauté renaît non sans difficultés mais surtout meurtrie par le désastre de la Shoah. 

 

Commission administrative 

 

Ministre Officiant 

M. Y. SELLEM 

 

Présidents d'honneur 

M. Joseph GOLDMAN, Dr RAPOPORT 

 

Président 

Gérard Dr BISSOR 

 

Vice-président 

Roger M. BENHAMOU 

 

Trésorière 

Sarah Mme GONZALES 

 

Trésorier Adjoint 

Serge M. BERREBI 

 

Trésorière Adjointe 

Yvette Mme HAMO 

 

Secrétaire adjointe 

Evelyne Mme FEMLAK  

 

Membre 

Gérard Dr BISSOR 

 

Membre 

Roger M. BENHAMOU 

 

Membre 

Manuelle Mme BERREBI 

 

Directeur du Talmud Thora 

Gérard M. BISSOR 

 

Professeur de Talmud Thora

Sellem 

 

Secrétaire 

Marie-Claude Mme GUEDJ